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Un ancien élève de l’EMP d’Autun nous
accompagne dans la visite du musée…

L’Afrique noire

En Indochine et en Afrique du Nord, l’expansion coloniale de la France a débuté au milieu du XIX° siècle. En Afrique Noire, dés 1842, la France prend possession du Gabon, conquis par les Portugais au XV° siècle. Mais il faut attendre la fin du XIX° siècle pour voir se concrétiser plus largement la colonisation française. C’est ainsi que naît en 1895, l’Afrique Occidentale Française qui regroupe au fil des années le Sénégal, le Soudan Français, la Guinée et la Côte d’Ivoire, puis le Niger, la Mauritanie et le Dahomey et enfin la Haute-Volta et le Togo.

Après le « partage de l’Afrique » par les Européens à la conférence de Berlin, la conquête de l’île de Madagascar par la France dure de 1895 à 1905.

Plus au nord, au centre du continent africain, l’Afrique Equatoriale Française voit le jour en 1910. Auparavant, le Congo Français (Brazzaville) et l’Oubangui (future République Centrafricaine) ont été colonisés. En 1920, le Tchad rejoint l’AEF. A l’issue de la 2° Guerre Mondiale, le Cameroun, ancienne colonie allemande, est également rattaché à l’AEF.

Le référendum de 1958 donne l’autonomie à tous ces pays. En 1960, ils deviennent tous indépendants. La colonisation française en Afrique Noire aura duré près de cent vingt ans. Si en Indochine et en Afrique du Nord les premières écoles d‘enfants de troupe datent du XIX° siècle, en Afrique Noire, l’idée d’ implantation d’écoles militaires préparatoires n’apparaît qu’après la 1ère Guerre Mondiale.

En fait, elles verront le jour bien après la fin de la 2ème Guerre Mondiale.

LES ÉCOLES D’OUTRE-MER

En effet, les écoles d’Afrique Noire et de Madagascar, dites « écoles d’Outre-Mer » sont créées en 1956 :
– en Afrique Equatoriale Française, au Congo à Brazzaville.
– en Afrique Occidentale Française au Sénégal à Saint-Louis du Sénégal, en Côte d’Ivoire à Bingerville, au Mali à Kati et en Haute-Volta à Ouagadougou ;
– sur l’île de Madagascar à Fianarantsoa.

Pourtant, pour ces écoles, l’histoire ne débute pas là !

DES ÉCOLES D’ENFANTS DE TROUPE …

Plusieurs d’entre elles voient le jour durant l’entre deux guerres dés 1923, sous le nom d’Ecole d’Enfants de Troupe : à Saint-Louis, l’Ecole d’Enfants de Troupe du Sénégal (EETS), au Mali, l’Ecole d’Enfants de Troupe de Kati et à Fianarantsoa, l’Ecole d’Enfants de Troupe de Madagascar. Elles assurent un enseignement du cycle primaire jusqu’au collège, selon les écoles.

L’Ecole d’Enfants de Troupe de Côte d’Ivoire, ouvre ses portes en 1939 à Bingerville, ancienne capitale ivoirienne. Les élèves n’étudient qu’en primaire jusqu’au CEP. En 1952, les classes de sixième apparaissent et le cycle primaire disparaît progressivement. Au Congo, l’Ecole Indigène d’Enfants de Troupe en AOF est créée en 1946 à Brazzaville.

En Haute – Volta enfin, l’Ecole Africaine d’Enfants de Troupe de Ouagadougou (EAETO) ouvre ses portes en 1951.
Avec celles de Saint-Louis du Sénégal, de Kati et de Bingerville, également stationnées en Afrique Occidentale Française, elles partagent le même drapeau et disposent du même insigne.

… AUX ÉCOLES MILITAIRES PRÉPARATOIRES

Avec le décret de septembre 1956, toutes les écoles d’enfants de troupe « disparaissent » au profit des Ecoles Militaires Préparatoires d’Outre – Mer. Ces écoles militaires préparatoires sont destinées aux jeunes autochtones. Elles assurent une instruction générale, technique et militaire, ainsi qu’une éducation physique et morale du collège jusqu’au baccalauréat. L’objectif est de préparer les élèves aux différentes carrières de l’Armée. Certaines EMP sont des écoles d’enseignement général, d’autres sont des écoles d’enseignement technique.

Les écoles de Saint-Louis du Sénégal, Kati et Ouagadougou sont rebaptisées Ecole Militaire Préparatoire Africaine (EMPA), celle de Bingerville est renommée Ecole Militaire Préparatoire Technique Africaine (EMPTA). Au Congo, celle de Brazzaville devient Ecole Militaire Préparatoire de Brazzaville, tandis qu’à Fianarantsoa, l’Ecole Militaire Préparatoire de Madagascar remplace sa devancière.

1960, L’INDÉPENDANCE ET DE NOS JOURS

Avec l’accession à l’indépendance de tous les pays des anciennes colonies françaises en Afrique, le destin des Ecoles Militaires Préparatoires varie selon les pays.

Au Sénégal, l’EMPA de Saint-Louis du Sénégal garde son appellation. Elle est transférée à l’armée sénégalaise en 1962. Elle ne change de nom qu’en 1973 pour devenir le Prytanée Militaire Charles Ntchoréré, toujours en activité et qui a pris pour devise :

« S’unir, servir toujours, France – Afrique »

L’EMPA de Kati, au Mali est dissoute en 1960 après l’indépendance du pays. Elle est remplacée par une école militaire interarmes en 1962. Depuis, en 1981, le Prytanée Militaire Malien de Kati a ouvert ses portes aux élèves du cycle secondaire qui se destinent à une carrière militaire.

En Haute – Volta, l’EMPA de Ouagadougou devient l’Ecole Militaire Préparatoire de Ouagadougou en novembre 1961, puis Prytanée Militaire de Kadiogo (PMK) où l’école a été transférée en 1969. Après la révolution de 1982, elle devient l’Ecole des Cadets de la Révolution en 1983 et ferme ses portes en 1985, alors qu’un an plus tôt, la Haute – Volta est devenue le Burkina Faso.

Transférée à Kamboincin, le Prytanée Militaire de Kadiogo ouvre à nouveau ses portes en 1992.

L’école a conservé la devise de l’ancienne EMP : « S’instruire pour mieux servir »

Passée sous la tutelle de la Côte d’Ivoire lors de l’indépendance, l’EMPTA de Bingerville prend l’appellation d’Ecole Militaire Préparatoire Technique de Bingerville en 1962. Toujours en activité, l’école fonctionne comme un lycée militaire polyvalent.

Au Congo, l’EMP de Brazzaville est baptisée Général Leclerc jusqu’au changement d’orientation politique du pays à la fin des années 1960. L’EMP devient donc l’Ecole Militaire Préparatoire des Cadets de la Révolution en 1970 et retrouve son identité d’ Ecole Militaire Préparatoire Général Leclerc en 1991. Elle accueille désormais un collège et un lycée. Depuis 2011, une convention lie l’école à la fondation Maréchal Leclerc, permettant l’intégration d’élèves boursiers en classes préparatoires dans les lycées de la défense en France.

Sur l’île de Madagascar, l’EMP de Fianarantsoa devient Ecole Nationale Militaire de Fianarantsoa en 1961. Quelques années plus tard, elle perd sa vocation militaire avant de la retrouver en 1995 avec la recréation de Ecole Nationale Militaire (SEMIPI) de Fianarantsoa. Les élèves poursuivant leurs études de la seconde jusqu’au baccalauréat portent encore le titre d’enfants de troupe. Les classes préparatoires permettent de former les futurs cadres de la nation.

Pour en savoir plus, plusieurs sites Internet peuvent être consultés  :

http://www.prytanee.sn/  pour l’EETS, l’EMPA et le Prytanée Militaire de Saint-Louis du Sénégal.
http://www.aet-senegal.com le site de l’Amicale des AET du Sénégal.
http://empt-de-bingerville.skyrock.com le site et un blog sur l’EMPT de Bingerville.

A Autun, le musée des enfants de troupe consacre une vitrine à ces écoles.

D’AUTRES ÉCOLES EN AFRIQUE NOIRE

Outres ces différentes écoles créées par l’administration française puis réorganisées par les états indépendants, d’autres écoles d’enfants de troupe ont ouvert leurs portes dans d’autres pays des anciennes colonies françaises :

En République Centre Africaine, l’Ecole d’Enfants de Troupe Jean – Bedel Bokassa voit le jour en 1969 à Bangui. Après la chute de l’empereur Bokassa, l’école est rebaptisée Ecole Militaire d’Enfants de Troupe (EMET) Georges Bangui en 1983. Hélas, à la suite de mutineries ethniques, l’EMET ferme ses portes en 1997.

Au Niger, le Prytanée Militaire de Niamey, créé en 1996, accueille des élèves originaires des pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.

Au Bénin, ce sont deux écoles qui voient le jour. Le Prytanée Militaire de Bembèrèkè, réservé aux garçons, est créé en 1994. A Natitingou, c’est le Lycée Militaire de Jeunes Filles qui naît en 2000. Ces deux écoles existent encore de nos jours.

Créé par décret dés 1979, le Prytanée Militaire de Libreville, au Gabon, n’ouvre effectivement qu’en 2001. Il a pour but de « former la future élite intellectuelle du pays ». En 2004, une convention de partenariat a été signée entre le PM de Libreville et le Lycée Militaire d’Autun. Sa page Facebook.

Toutes ces écoles ne sont pas françaises ; Elles ne sont pas évoquées au musée des enfants de troupe à Autun. Néanmoins, il est intéressant de signaler leur existence car elles perpétuent la tradition des enfants de troupe en Afrique.