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Un ancien élève de l’EMP d’Autun nous
accompagne dans la visite du musée…

L’Indochine

A partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, l’extension coloniale française en Extrême Orient aboutit à la formation d’un vaste territoire. Outre la Cochinchine, conquise en 1862, d’autres pays sont placés sous protectorat français : le Cambodge en 1862, l’Annam en 1884 et le Laos en 1893. L’Indochine française est née et va durer jusqu’à la moitié du XX° siècle. Durant la 2ème Guerre Mondiale, l’invasion japonaise,  la guerre franco-thaïlandaise, puis la prise de pouvoir par le Vietminh à Hanoï en septembre 1945 auront momentanément raison de cet empire.

En 1945 à Saïgon, puis en 1946 à Hanoï, la France est de retour  pour rétablir sa souveraineté dans la région. La guerre d’Indochine qui oppose les Français au Vietminh se termine par la défaite de Dien Bien-Phu en mai 1954. Le Vietnam est alors divisé entre le Nord-Vietnam communiste et le Sud-Vietnam soutenu par les Américains. La France quitte définitivement l’Indochine à l’été 1956.

Comme pour les écoles militaires préparatoires créées en France à la fin du XIX° siècle, la nécessité de venir en aide aux familles  françaises installées en Indochine a incité l’Etat à y ouvrir une école d’enfants de troupe. De plus,  beaucoup de familles se sont formées sur place avec la population locale. C’est ainsi que va naître en 1939 l’Ecole d’Enfants de Troupe Eurasiens de Dalat.

Pourtant, avant elle , plusieurs autres écoles d’enfants de troupe réservées aux indigènes ont existé. Leur nom et leur histoire restent inconnus. Seule l’école du Cap Saint-Jacques, étroitement liée à celle de Dalat durant la 2° Guerre Mondiale peut nous livrer quelques informations.

 

CAP SAINT-JACQUES

Créée en 1911 au camp des Mares, l’Ecole d’Enfants de Troupe Indochinois est  réservée aux jeunes gens indigènes. En 1923, l’école est transférée à Thu Dâu Môt, prés de Saïgon (devenue Hô-Chi-Minh-Ville après la réunification en 1975). L’installation au Cap Saint-Jacques, actuelle Vung Tàu, située sur l’Océan Pacifique à l’embouchure de la rivière de Saïgon, se fait en 1930. 

Entre temps, un décret de 1926 évoque l’éventualité pour les Métis indochinois d’accéder à la qualité de citoyen  français. Cette décision va engendrer quelques années plus tard l’ouverture d’une école d’enfants de troupe eurasiens à Dalat… L’école du Cap Saint-Jacques, quant à elle, demeure en bordure de mer jusqu’en 1945, date à laquelle elle déménage à Bària.

L’occupation Japonaise entraîne la mise en sommeil de l’école jusqu’en 1946, année où les élèves rejoignent Dakao, un quartier de Saïgon.

L’année suivante, en 1947, l’école retrouve le Cap Saint-Jacques où elle continuera d’exister en tant qu’école sous autorité française jusqu’en 1956. Entre temps, la guerre d’Indépendance menée par le Vietminh s’est soldée par la défaite de la France à la bataille de Dien Bien-Phu en mai 1954.

L’Ecole d’Enfants de Troupe Eurasiens de Dalat rejoint le Cap Saint-Jacques en septembre 1954. Elle y restera deux ans avant que l’ensemble des élèves ne rentrent en France avec l’Armée française en 1956.

Conformément aux accords de Genève, la France se retire définitivement de l’Indochine en 1956. La même année, les batiments de  l’Ecole du Cap Saint-Jacques sont transférés à l’armée vietnamienne. Les quatre écoles d’enfants de troupe vietnamiens, créées à partir de 1951 dans chacune des quatre régions militaires du Viet-Nam sont regroupées au Cap Saint-Jacques, devenu Vung Tàu après le départ des Français.

DALAT

Si l’Ecole d’Enfants de Troupe du Cap Saint-Jacques a été une école d’enfants de troupe indochinois, celle de DALAT, créée en juin 1939 est initialement destinée aux jeunes gens d’origine eurasienne. L’objectif de l’école est de fournir à l’armée française de futurs cadres habitués aux conditions particulières de l’Indochine. La ville est située sur les plateaux sud de l’ancien Annam, à plus de 1 500 m d’altitude.

L’Ecole d’Enfants de Troupe Eurasiens de DALAT (EETED) ouvre ses portes en septembre 1939. Le premier noyau d’élèves, constitué d’anciens des écoles d’enfants de troupe indochinois, obtient des résultats encourageants qui font rapidement se développer l’école.

L’école adopte pour devise :  « S’instruire pour servir».

En 1942, l’école compte 150 élèves. Hélas, dés 1943, sa situation va se dégrader.

La ville de Dalat devient un centre d’accueil pour les familles françaises et l’école est réquisitionnée. En conséquence, elle est dissoute début 1944 et ses élèves sont répartis dans les différents territoires de l’Union Indochinoise. Dés octobre 1944, elle se reforme au camp de Kompang Cham, au Cambodge, où les élèves vont vivre dans des conditions difficiles pendant cinq mois. Le 9 mars 1945, les Japonais envahissent Kompang Cham, comme tous les batiments militaires français de l’Indochine.

Cadres et élèves sont faits prisonniers, envoyés dans des camps de travail ou déportés. L’école n’existe plus. Le fanion de l’école est subtilisé aux Japonais par un élève.

Au cours de l’été 1945, les élèves de Dalat se retrouvent à Saïgon pour quelques semaines avant de retourner au Cambodge, à Kompang Cham en septembre. Ils vont rester au Cambodge durant une année puis retrouver Dalat en septembre 1946. Les années qui suivent sont celles de la reconstruction et de l’agrandissement de l’école qui compte quatre cents élèves en 1952.

En 1950/1951, suite à l’élargissement du recrutement, le mot eurasien est supprimé. L’Ecole d’Enfants de Troupe Eurasiens de DALAT(EETED) devient l’Ecole d’Enfants de Troupe de DALAT (EETD).

Mai 1954 … Dien Bien Phu. Cette fois-ci, les Français sont défaits par le Viet Minh. La France va devoir quitter l’Indochine. En attendant, l’école de Dalat quitte définitivement les hauts plateaux de l’Annam et rejoint celle du Cap Saint-Jacques, au bord de l’océan, en septembre 1954. Elle y reste pendant un an et demi. En février 1956, elle quitte définitivement l’Indochine et le Viet Nam pour la métropole.

Après un court passage de trois mois passés à Fréjus (Var), les élèves de Dalat sont accueillis à l’EMP d’Autun où ils occupent le quartier Changarnier, annexe de la grande école à partir de mai 1956. L’école de Dalat devient alors l’annexe de l’EMP d’Autun.

Le dernier élève eurasien quitte Changarnier en 1960. En effet, au fur et à mesure de leurs études, les élèves seront dispersés dans les différentes écoles de métropole. Certains d’ailleurs continueront leur cycle d’études jusqu’au lycée, toujours à Autun, mais à la « grande école ». Le fanion de l’école, arraché à l’ennemi japonais, a trouvé place au musée des enfants de troupe à Autun, où une vitrine est consacrée aux enfants de troupe de l’Indochine.